Historique
LACAN
Peut-être à Vincennes...
PARU EN JANVIER 1975 DANS « ORNICAR ? »
Peut-être à Vincennes s’agrégeront les enseignements dont Freud a formulé que l’analyste devait prendre appui, d’y conforter ce qu’il tient de sa propre analyse : c’est-à-dire à savoir pas tant ce à quoi elle a servi, que de quoi elle s’est servie.
Pas d’argument ici sur ce que j’en enseigne. Même ceux qui y obvient, sont forcés d’en tenir compte.
Maintenant ce dont il s’agit n’est pas seulement d’aider l’analyste de sciences propagées sous le mode universitaire, mais que ces sciences trouvent à son expérience l’occasion de se renouveler.
Linguistique — Qu’on sait être ici la majeure. Qu’un Jakobson justifie telles de mes positions, ne me suffit pas comme analyste.
Que la linguistique se donne pour champ ce que je dénomme de la langue pour en supporter l’inconscient, elle y procède d’un purisme qui prend des formes variées, justement d’être formel. Soit d’exclure non seulement du langage, l’« origine » disent ses fondateurs, mais ce que j’appellerai ici sa nature.
Il est exclu qu’en vienne à bout une psychologie quelconque.
C’est démontré.
Mais le langage se branche-t-il sur quelque chose d’admissible au titre d’une vie quelconque, voilà la question qu’il ne serait pas mal d’éveiller chez les linguistes.
Ce dans les termes qui se soutiennent de mon « imaginaire » et de mon « réel » : par quoi se distinguent deux lieux de la vie, que la science à cette date sépare strictement.
J’ai posé de long en large que le langage fait noeud de ces lieux, ce qui ne tranche rien de sa vie à lui, éventuelle, si ce n’est qu’il porte plutôt la mort.
De quoi son parasitisme peut-il être dit homologue ? Le métalangage de ce dire suffit à le rejeter. Seule une méthode qui se fonde d’une limite préfigurée, a chance de répondre tout autrement.
J’indique ici la convergence : 1) de la grammaire en tant qu’elle fait scie du sens, ce qu’on me permettra de traduire de ce qu’elle fasse ombre de la proie du sens ; 2) de l’équivoque, dont justement je viens déjouer, quand j’y reconnais l’abord élu de l’inconscient pour en réduire le symptôme (cf. ma topologie) : de contredire le sens.
Autrement dit de faire le sens, autre au langage. Ce dont d’autres signes témoignent partout. C’est un commencement (soit ce que saint Jean dit du langage).
J’insiste à désigner de vraie une linguistique qui prendrait la langue plus « sérieusement », en proférant l’exemple dans l’étude de J.-C. Milner sur les noms de qualité (cf. Arguments linguistiques chez Marne).
Logique — Pas moins intéressante.
A condition qu’on l’accentue d’être science du réel pour en permettre l’accès du mode de l’impossible.
Ce qui se rencontre dans la logique mathématique.
Puis-je indiquer ici que l’antithèse du rationnel à l’irrationnel a toujours été empruntée d’ailleurs que du langage ? Ce qui laisse en suspens l’identification de la raison au logos, pourtant classique.
A se souvenir de ce qu’Hegel l’identifiait au réel, il y a peut-être raison de dire que c’est de ce que la logique y aille.
Topologie — J’entends mathématique, et sans qu’en rien encore, l’analyse puisse (à mon sens) l’infléchir.
Le noeud, la tresse, la fibre, les connexions, la compacité : toutes les formes dont l’espace fait faille ou accumulation sont là faites pour fournir l’analyste de ce dont il manque : soit d’un appui autre que métaphorique, aux fins d’en sustenter la métonymie.
L’analyste « moyen », soit qui ne s’autorise que de son égarement, y trouvera son bien à sa mesure, - soit le redoublera : au petit bonheur la chance.
Antiphilosophie — Dont volontiers j’intitulerais l’investigation de ce que le discours universitaire doit à sa supposition « éducative ». Ce n’est pas l’histoire des idées, combien triste, qui en viendra à bout.
Un recueil patient de l’imbécillité qui le caractérise permettra, je
l’espère, de la mettre en valeur dans sa racine indestructible, dans son
rêve éternel.
Dont il n’y a d’éveil que particulier.
++++
<onglet|titre=Jacques-Alain Miller sur l’enseignement>
Jacques-Alain Miller
« Donc. La logique de la cure (cours inédit, 1993 1994) »
Cours du 1er décembre 1993 :
« Vous savez que la solution de Lacan, pour que l’analyste se maintienne en position analysante, vous savez que sa solution, en tout cas celle qu’il disait adopter pour son compte, c’était l’enseignement. Ça a fait des ravages parce qu’enseigner en sachant, en ressassant, en répétant, et enseigner à la limite de son savoir - et donc sur le bord de son ignorance - ce sont deux exercices tout à fait différents, contraires. »
Cours du 12 janvier 1994 :
« La notion de la passe, elle est au moins hégélienne seulement en ceci – pas dans son fonctionnement ni dans sa structure mais seulement en ceci – que c’est une conjoncture déduite des conditions mêmes de l’expérience. Lacan, là, est plus hégélien que freudien, parce que Freud ne nous présente nullement, dans l’analyse, une expérience qui ait un principe d’arrêt. C’est même ce sans-fin qui justifie pour lui l’invitation faite à l’analyste de retourner périodiquement sur le divan. A vrai dire, et je l’ai évoqué rapidement, c’est parce que Freud pensait que la position de l’analyste était contradictoire avec les exigences de l’analyse, et spécialement avec les exigences éthiques de l’analyse. C’est pour ça qu’il voulait que l’analyste redevienne analysant, pour être, si je puis dire, moral. Mais la notion de Lacan, c’est tout de même que c’est sans retour, la fin vraie de l’analyse. À condition que l’analyste, que le devenu analyste entre dans l’enseignement de la psychanalyse, c’est-à-dire qu’il retrouve un rapport de déchiffrement avec le sujet supposé savoir dans l’enseignement de la psychanalyse, ce qui évidemment distingue cet enseignement de toute pédagogie. »
Silet
(cours inédit, 1994-95)
Cours du 18 janvier 1995 :
« Le transfert de travail, où Lacan désigne le relais qui serait pris de son travail par d’autres le poursuivant, ne serait-il pas en son fond un transfert de paroles ? – la parole analysante devenant parole enseignante. C’est bien dans ce transfert de travail, à la fin de l’analyse, que Lacan espérait fonder l’enseignement de la psychanalyse. C’était bien son idée qu’en son fond la parole d’enseignement, de l’enseignement véritable, celui qui gagne sur l’ignorance du sujet lui-même, est parole d’analysant – au sens où Lacan entendait son propre enseignement. L’enseignement est la poursuite de l’analyse par d’autres moyens. »
Lacan et la psychose
v« in L’expérience clinique des psychoses, Nice : Z’éditions, 1988, pp. 16-17 »
« Une erreur, me semble-t-il, à ne pas faire concernant l’enseignement dans le cadre universitaire, c’est de le faire éclectique, c’est-à-dire s’imaginer qu’un enseignement libéral doit comporter de tout un peu, saupoudrage de doctrines, d’avis, de points de vue. […] on confond l’enseignement et l’information. On s’imagine qu’ainsi on peut simplement mieux faire son marché ; l’enseignement n’est pas une affaire de marché, ce n’est pas non plus une affaire d’information.
[…]
Il ne faut pas croire qu’on est comme ça, sûr d’être dans le vrai et qu’à cette idée-là il faudrait opposer une sagesse éclectique qui consisterait à mélanger à doses variables des éléments empruntés à d’autres discours. C’est justement parce qu’on est sûr de rien qu’il s’agit, toujours dans l’ordre scientifique, de construire un savoir ; je ne dis pas de le découvrir, mais proprement de l’inventer et au fond ça ne se pose, ça ne s’invente qu’à partir d’un certain nombre de présupposés, à partir d’un certain nombre d’axiomes [...] d’un postulat. […] et c’est précisément dans les impasses des conséquences de son postulat, les impasses et les butées, les trébuchements des conséquences d’un postulat qu’on a des chances effectivement de vérifier ce dont il s’agit. Pour ça il faut pouvoir aller au bout de son postulat, et si on commence à en emprunter plusieurs qui sont contradictoires, on fait du sur place. »
++++
<onglet|titre= Documentaire>
Vincenne l’université perdue - V.Linhart
Partie 1 - Cliquez ICI
Partie 2 - Cliquez ICI
<onglet|fin>