Présentation


La Section clinique

La Section Clinique, dont les origines remontent à 1974, reste l’une des rares équipes entièrement orientées par la psychanalyse et l’apport de Jacques Lacan, et ne travaillant que dans cette perspective.
Il faut dire clairement ce que notre recherche est, et ce qu’elle n’est pas.
Elle est universitaire, elle est systématique et graduée ; elle est menée par des responsables qualifiés ; elle est articulée à des enseignements sanctionnés par des diplômes. Mais cette recherche et l’enseignement qui lui est lié n’autorisent pas pour autant l’exercice de la psychanalyse. L’impératif formulé par Freud qu’un analyste soit analysé, a été confirmé par Lacan. C’est pourquoi Jacques Lacan a pu dire du Département de Psychanalyse qu’il avait la mission de faire travailler au moins autant sinon plus... ceux qui y enseignent que ceux qui y sont enseignés.
Il n’y a pas de paradoxe à poser que les exigences les plus strictes portent sur ceux qui s’essayent à une fonction de recherche et d’enseignement sans précédent dans l’histoire de la psychanalyse : le savoir, s’il prend son autorité de sa cohérence, ne trouve sa vérité que dans l’inconscient, c’est-à-dire d’un savoir où il n’y a personne pour dire "je sais", ce qui se traduit par ceci, qu’on ne dispense un enseignement qu’à condition de le soutenir d’une élaboration inédite, si modeste soit-elle. Dans ce contexte, nous pouvons dire que les étudiants qui viennent se former au Département de psychanalyse se mettent au travail sur les concepts freudiens et lacaniens à partir d’un désir de savoir qui n’est pas seulement de l’ordre d’une recherche de diplôme mais aussi et surtout de l’ordre d’un désir de formation aux concepts analytiques, ne se substituant en aucun cas à la formation par l’analyse, qui est, selon l’exigence formulée par Freud, l’expérience analytique elle-même.

L’interdisciplinarité

L’interdisciplinarité est la règle dans l’ensemble de notre unité car précisément, c’est depuis des parcours universitaires autres (philosophie, littérature, langues, histoire, psychologie, etc.) que chaque enseignant du Département en est venu lui-même à se former à la psychanalyse et à l’étude de ses concepts. Dans "Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse", Lacan soulignait en quel sens la formation analytique relève de ce qui s’appelait en d’autres temps les arts libéraux. Prendre au sérieux la définition de l’inconscient structuré comme un langage, c’est aussi considérer que toute discipline qui fait du langage son objet, trouve à s’articuler à la psychanalyse. C’est pourquoi l’insertion de notre unité dans l’École Doctorale "Pratiques et théories du sens" n’est pas formelle, mais s’inscrit dans le prolongement de ce qui a existé, dès la refonte du Département de Psychanalyse en 1974, sous le nom de "Connexions du Champ freudien". C’est à élucider ces connexions, à montrer comment se nouent ou se dénouent, dans des domaines apparemment hétérogènes, les chaînes d’une même logique du signifiant, que s’attache notre unité dans ses rapports avec les autres disciplines de l’École doctorale dans laquelle elle s’insère.
C’est un fait qu’il y a une clinique, soit des types de symptômes ; mais c’en est un autre que cette clinique est pour l’essentiel médicale et psychiatrique, et qu’elle devient chimique et statistique. Les recherches de l’équipe ont donc pour tâche d’aider au développement d’une clinique de l’époque du discours psychanalytique : c’est-à-dire une clinique qui aborde le symptôme comme un fait de discours. C’est pourquoi le travail de l’équipe s’est essentiellement déployé autour d’un approfondissement du dernier enseignement de Lacan, en lien avec les Journées de l’École de la Cause freudienne (ECF), les Congrès de l’EuroFédération de psychanalyse (Congrès Européen de Psychanalyse : PIPOL), de la New Lacanian School (NLS) et de l’Association Mondiale de Psychanalyse (AMP).

Un autre abord du domaine de la santé mentale : à partir de la structure subjective

L’équipe travaille en lien avec des unités cliniques qui sont organisées autour de la pratique dite de « présentation de malades ».
La clinique est un savoir empirique, inséparable de l’histoire des idées. Ces équipes ne font que suppléer aux défaillances d’une psychiatrie à qui le progrès de la chimie fait souvent négliger son trésor classique : le rapport à la parole et au langage.
Quelles que soient les raisons qui amènent un patient à l’hôpital psychiatrique ou dans un autre lieu intéressant le domaine de la « santé mentale », c’est toujours une urgence, celle d’un sujet précipité là par la vacillation, le laisser en plan, les retours dans le réel, le lâchage signifiant, la certitude conclusive, etc. C’est dans ce contexte d’urgence que travaillent ces unités à travers notamment la présentation de cas, qui doit faire scansion pour le patient, en lui laissant entrevoir une formulation de certaines de ses déterminations, en même temps qu’une issue possible, parfois même dans un nouveau lien de parole.

Ancrage dans l’époque : une clinique contemporaine

Notre équipe travaille enfin sur la recherche fondamentale de la psychanalyse. Consciente que la clinique du sujet évolue avec les signifiants de la civilisation, et que le discours de la psychanalyse se doit de poursuivre son invention continue afin de permettre aux praticiens de s’y inscrire, nous entendons maintenir vivante la psychanalyse. La psychanalyse se révèle ainsi profondément politique dans ses actions et élaborations. Le fait que nous soyons témoins depuis quelques années d’une recrudescence d’un mouvement anti-psychanalytique illustre l’importance que celle-ci tient au sein de la civilisation. Nos chercheurs explorent donc la clinique contemporaine mais aussi les questions de civilisation, entraînant nos doctorants dans une recherche continue des conditions même du lien social. L’équipe a ainsi orienté une partie de son travail autour de la sexuation et du genre, autour de l’identité et du trauma (thème de la Journée du Département 2017), autour des normes et de l’anormalité.
Dans ce mouvement, les premiers destinataires de ces recherches sont les professionnels de la santé mentale, ce qui justifie l’ensemble des collaborations passées avec différents lieux d’accueil et de soins, les Centres Psychanalytiques de Consultation et de Traitement (CPCT) par exemple, ou les services de médecines qui accueillent nos présentations. Mais ce travail a évidemment des conséquences dans le champ social et d’abord vers le citoyen, d’où nos actions documentaires pour la télévision ou la participation à l’organisation de manifestations artistiques et culturelles. Ainsi les pouvoirs publics se retrouvent interpellés par les apports de notre équipe, ce qui explique certaines sollicitations.